La création des EAFC, les écoles académiques de la formation continue (des personnels de l’Education nationale), a-t-elle permis que se mettent en place des « parcours de formation sur plusieurs années favorisant ainsi la transformation de modules de formation continue en véritable développement professionnel continu » ? C’est à cette question que devait répondre une mission d’inspection générale dont le rapport vient d’être publié par le ministère et la réponse est, implicitement, négative.
Le besoin est pourtant évident. « Les enseignants français du second degré se forment moins que ceux d’autres pays comparables et moins que les personnels d’autres secteurs de la fonction publique. De plus, d’après les inspecteurs rencontrés par la mission, ce sont toujours les mêmes professeurs qui se forment et ceux-ci ne sont pas forcément ceux qui en auraient le plus besoin. » La formation continue apparait pourtant « comme un puissant moyen de transformer le métier, de le redéfinir, d’en améliorer la qualité », mais « sous réserve de s’ancrer dans une dimension de long terme » et de « développer les compétences professionnelles identifiées par l’enseignant comme lui étant nécessaires ».
Le rapport liste les obstacles à la réalisation de ces objectifs, à commencer par la décision ministérielle d’éviter les heures d’enseignement perdues pour cause de formation. « Si un développement des formations hors temps scolaire peut se réaliser dans certaines conditions avec
succès, sa généralisation semble difficilement conciliable avec l’ensemble des contraintes organisationnelles et personnelles, des chefs d’établissement et des enseignants ». Positionner les formations sur le créneau du mercredi « questionne sur la parité hommes – femmes et sur l’acceptabilité d’une telle mesure ». Les autres jours, il paraît impossible de libérer « des plages horaires identiques » sans multiplier les « barrettes » : « difficile voire utopique ». Quant à la mobilisation des petites vacances scolaires, « notamment de Toussaint », elle a rencontré « un certain succès », les formations ouvraient droit au versement d’une allocation de 120 € / jour : « Le développement de formations pendant les vacances serait réalisable en 2024 à hauteur d’environ 66 000 journées soit plus de quatre fois le nombre de journées réalisées en 2023 (1er et 2nd degrés confondus) », mais cette modalité n’est pas « budgétairement soutenable dans une perspective de généralisation ».
Autre difficulté, le recueil des besoins « individuels et collectifs » des personnels « demeure embryonnaire ». S’y ajoute la concurrence des « plans nationaux à destination de l’ensemble des professeurs ». Quant à la formation à distance, elle a montré ses limites : « D’après les remontées de l’académie de Montpellier, seulement 20 % des personnels vont jusqu’au bout d’un parcours à distance en autonomie ; en conséquence la part des formations exclusivement en distanciel est passée de 28 % du total pour l’année 2020-2021 à 3 % pour l’année 2022-2023. »
D’où la question de la motivation des enseignants. Les formations qu’ils suivent dans le cadre de l’EAFC « ne sont pas systématiquement inscrites dans leur portfolio de compétences ».
De plus s’agissant du CAFFA (certificat d’aptitude aux fonctions de formateur académique), les enseignants du second degré affectés dans les étabissements privés sous contrat ne peuvent pas le passer.
La mission souhaite donc valoriser l’engagement des EAFC mobilisées dans ces démarches visant à expliciter les besoins individuels et collectifs des personnels enseignants » telle l’initiative de l’académie de Nantes qui encourage « le développement de modalités de formation favorisant les échanges entre pairs et l’émergence de communautés apprenantes ».
Le rapport ici